Les comptables Alfonso Graceffa et Ferdinand Alfieri n’ont aucunement l’intention de quitter leur poste au conseil d’administration de la Mutuelle d’assurance en Église, malgré le fait que l’assureur ait demandé à un tribunal de les exclure de cette instance.
Élus lors de l’assemblée générale du 25 avril 2017 de la Mutuelle, les deux membres «ne bénéficie[raient] plus de la légitimité nécessaire à l’exercice de la fonction d’administrateur au sein de la Mutuelle», selon les mots de la requête déposée par les avocats de la compagnie d’assurance auprès la Cour supérieure le 2 février 2017.
Les deux administrateurs sont désignés du doigt depuis que six représentants de membres de la Mutuelle de différents diocèses ont écrit une lettre à Mgr Luigi Bonazzi, nonce apostolique au Canada, qui déplore l’appui de l’archevêché de Montréal en faveur de leur candidature.
Les signataires de la lettre, envoyée au début du mois de septembre, dénoncent les tactiques employées par Mgr Thomas Dowd, évêque auxiliaire, afin d’assurer leur élection. Ces six membres déplorent aussi que l’appui de l’archidiocèse de Montréal envers ces deux administrateurs les place «en conflit d’intérêts apparent, sinon réel».
Dans cette lettre, Alfonso Graceffa et Ferdinand Alfieri sont présentés comme «deux parfaits inconnus», et sont accusés «de ne pas être indépendants et d’avoir été soutenus aux élections du 25 avril 2017 dans le seul but d’influencer le vote du conseil de la Mutuelle d’assurance en Église au bénéfice de l’archevêché de Montréal».
Cette lettre – que l’agence de presse Présence n’a pas été en mesure d’obtenir ni même de consulter dans son intégralité – «porte atteinte à leur réputation et à leur honneur», estiment Alfonso Graceffa et Ferdinand Alfieri dans une requête présentée à la Cour supérieure il y a près d’un mois.
Le 18 janvier 2018, les deux administrateurs ont demandé à la justice de déclarer «l’inexistence d’une situation de conflit d’intérêt», ce qui leur permettra de participer à toutes les rencontres du conseil d’administration.
Alfonso Graceffa et Ferdinand Alfieri ont aussi réclamé qu’un juge oblige la Mutuelle à payer les honoraires d’avocats qu’ils auront à verser afin d’assurer leur défense, une facture qui s’élève actuellement à plus de 40 000 $.
Bien que mentionné à plusieurs reprises dans les requêtes déposées à la Cour supérieure tant par les deux administrateurs que par la Mutuelle d’assurance en Église, l’archidiocèse de Montréal a refusé de commenter cette affaire. «Nous ne ferons aucun commentaire à ce sujet», a indiqué Erika Jacinto, directrice des communications et des relations avec les médias. «Il s’agit des affaires internes de la Mutuelle», a-t-elle répondu dans un courriel.
Le 2 février 2018, les avocats de la Mutuelle ont présenté une requête à la Cour supérieure afin qu’un juge dénoue cette situation. Leurs avocats demandent aussi au tribunal d’émettre une injonction afin que «les deux administrateurs ne puissent pas siéger au conseil d’administration, tant que la décision n’est pas rendue».