Dans cette église de Montréal, construite en 1929, les noms inscrits au bas des vitraux qui jouxtent l’entrée ont tous sans exception une consonnance anglaise.
Le dimanche 19 janvier 2020, plusieurs participants à la célébration qui marque le début de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne, ont fait cette constatation en visitant la cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur, sise avenue Stuart, dans l’arrondissement d’Outremont.
C’est que la cathédrale du diocèse du Canada de l’Église apostolique arménienne a longtemps été un lieu de culte protestant. En 1970, une congrégation anglophone, l’Église Unie Fairmount-St.Giles, a cédé son église à la communauté arménienne.
L’endroit était donc bien choisi pour tenir cette célébration œcuménique qui voulait cette année rendre hommage aux personnes qui accueillent aujourd’hui encore les immigrants et les réfugiés tout comme il y a longtemps, l’apôtre Paul et ses compagnons était accueillis, «avec une humanité peu ordinaire» selon le livre des Actes des Apôtres, par les habitants de l’Île de Malte, après que leur navire eut fait naufrage.
«La cérémonie de ce jour est un hommage particulier à tous ceux qui, à la recherche d’une vie meilleure et plus sûre, ont dû quitter leur foyer, leur famille et leur patrie», a déclaré le curé de la cathédrale apostolique arménienne, le père David Margaryan, au début de la célébration.
«Nous prierons pour tous les peuples et tous ceux qui accueillent et accompagnent les personnes déplacées par les guerres et les catastrophes. Et nous prierons aussi pour les habitants et les autorités de Montréal, notre ville si hospitalière», a-t-il indiqué aux quelque 150 personnes présentes.
«Cette merveilleuse ville de Montréal a accueilli tout au long de son histoire des immigrants venus de pays divers. Elle continue d’accueillir et de prendre soin de toutes ces personnes en détresse. Il y a plus de 70 ou 80 ans, Montréal ouvrait ses portes à une communauté arménienne. Montréal est devenue un havre de paix pour des rescapés qui avaient dû fuir l’horreur et la barbarie du génocide de 1915», a ajouté avec émotion le père Margaryan qui a rappelé que «tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ».
Organisée par le Centre canadien d’œcuménisme, la célébration de dimanche a réuni des membres d’Églises chrétiennes présentes à Montréal. Lors de ce rendez-vous annuel, des fidèles luthériens, presbytériens et orthodoxes ont côtoyé durant un peu plus d’une heure, d’autres chrétiens anglicans, catholiques et membres de l’Église Unie.
Le père David Margaryan, qui a aussi prononcé le sermon, a repris des mots d’une encyclique du pape François afin de dénoncer le fait qu’à Montréal même, il existe trop de «situations de souffrance et d’injustice qui se répètent au quotidien».
«Il y a un très grand nombre de ‘non citadins’, des ‘citadins à moitié’ ou des ‘restes urbains’ – des expression utilisées par le pape dans La joie de l’Évangile – qui gisent au bord de nos chemins, qui vont vivre dans les périphéries de nos villes sans les conditions nécessaires pour mener une vie digne».
Selon le curé de la cathédrale, «Jésus continue à marcher dans nos rues, oui sans doute ici à Montréal. Il continue comme hier à frapper aux portes, à frapper aux cœurs pour rallumer l’espérance et les aspirations. Que l’avilissement soit surmonté grâce à la fraternité, l’injustice vaincue par la solidarité et la violence réduite au silence par les armes de la paix», a-t-il souhaité.
Parmi la dizaine de représentants officiels des Églises présent dimanche, on notait la participation de cinq évêques. Mary Irwin-Gibson (Église anglicane du Canada), Ioan Casian (diocèse orthodoxe roumain du Canada), Christian Lépine et Alain Faubert (Église catholique romaine) ont pris place dans le chœur de la cathédrale. Ils ont été accueillis par l’évêque Abgar Hovakimyan, primat de l’Église apostolique arménienne du Canada.
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